Dans cette section, la différence majeure entre un encan de succession et ce qu’on appelle, un encan de ménage, c’est qu’ici, c’est volontaire et sans contrainte. Alors que la liquidation d’une succession est régie entre autres par le Code Civil du Québec, les testaments et plusieurs règles de Revenu Québec, un encan de ménage, c’est vous qui décidez de vendre vos biens sans contraintes… la plupart du temps!
Je dis, sans contrainte, car il m’est arrivé une situation assez anecdotique. Au moment de signer le contrat et de faire toute la préparation, la personne propriétaire des biens est en pleine forme. Cependant, 2 jours avant l’encan, elle décède subitement! Nous passons donc d’un dossier de liquidation volontaire à un dossier de succession ou tout est techniquement ¨gelé¨ En effet, si je liquide tous les biens alors que la personne est vivante, il n’y a aucun problème, mais si je liquide ces mêmes biens, une fois la personne décédée, c’est une tout autre histoire.
Premièrement, il pourrait arriver que je vende la vieille montre de poche, sans réelle valeur, mais qu’on découvre, qu’elle était destinée au petit-fils, dans le testament du défunt. Et qu’est-ce qui arrive si les héritiers découvrent que grand-papa avait un petit vice d’aller jouer au casino et qu’il est endetté par-dessus la tête? Je viens de priver cette famille de renoncer à la succession et ils deviennent personnellement responsable des toutes les dettes! Mais disons que sur plusieurs milliers de dossiers, il ne nous est arrivé qu’à 5-6 occasions de vivre des situations bien particulières, fort heureusement, nous avons toute l’expertise pour protéger nos clients de situations fâcheuses.
Maintenant, c’est à vous que reviens les décisions. Toutes les options demeurent les mêmes. Vous pouvez préparer votre encan vous-même ou confier le mandat à notre équipe. Pour le reste, on s’occupe de tout et nos honoraires sont exactement les mêmes. Cependant, faire encan, signer un contrat, publiciser des items à être vendus, ce sont tous des actes légaux régies par nos lois et règlements. Alors regardons ensemble quelques scénarios susceptibles de vous amener quelques questionnements
1- Vous vendez votre maison et décider d’aller demeurer en appartement. Il est important d’identifier clairement les biens que vous allez apporter avec vous. Il est facile de changer d’idée et d’ajouter le mobilier de cuisine, mais l’inverse n’est pas possible. Dès que nous publicisons un article, si les clients se présentent le jour de la vente et que les articles pour lesquels ils se sont déplacés, ne sont plus dans la vente : Nous avons fait de la publicité mensongère. Voici ce que dit l’Office de la protection du consommateur à ce sujet : Les pratiques commerciales qui vous induisent en erreur ou vous donnent de faux espoirs pour vous inciter à acheter sont illégales. Il peut s’agir :
Nous avons préparé le dossier et une personne passe en vous disant qu’elle ne pourra pas être présente le jour de l’encan, mais vous offre d’acheter votre remorque pour 1 200$. Vous jugez que c’est un bon prix, la personne à l’air très honnête et vous décidez de lui vendre la remorque! Vous êtes dans l’embarras. Au-delà de la publicité trompeuse que vous venez d’occasionner, l’encanteur sera en droit de vous réclamer sa commission de vente, les frais d’acheteurs qu’il aurait perçus et des dédommagements.
Nous sommes à préparer la vente, toute notre équipe est sur place, et un passant vous aborde et vous demande à combien vous estimez que votre Buick 2016 se vendra. Vous lui répondez sans arrière-pensée, qu’il devrait se vendre entre 12 et 15 000$, mais que vous avez un prix de réserve à 11 000$ devant témoins, et bien sachez, que le jour de l’encan, une fois que cet acheteur aura misé 11 000$, l’encanteur sera obligé de mettre fin aux enchères et lui vendre le véhicule à ce prix, même si d’autres acheteurs sur place, auraient été prêts à miser 20 000$! Alors, vous comprenez que lorsque vous décidez de faire encan de vos biens et que vous confiez le mandat à un encanteur de procéder à la liquidation de ces biens, il devient votre représentant légal, et vous devrez le laisser parler en votre nom aux risques de vous placer dans de sérieux embarras.
Un encanteur compétant et digne de confiance, ne prendra jamais de décision sans vous consulter, pensez-y bien. Pour le reste, l’encanteur déploiera tous les efforts nécessaires pour obtenir le maximum de chacun de vos biens. En droit, on dit, qu’à l’impossible, nul n’est tenu, mais n’oubliez jamais que votre encanteur est rémunéré à commission, plus il maximise les possibilités de vente, plus son chèque de paie est grand, et le vôtre aussi. En 36 ans de carrière, j’ai toujours dit qu’il n’y avait jamais un contrat assez payant pour se priver de bien travailler et profiter des références que ses clients lui apporteront, alors quand vous nous confiez un mandat, notre seul objectif, est votre entière satisfaction.
Je vous laisse sur une anecdote du début de ma carrière. J’étais en affaires depuis 3-4 ans et je reçois un appel pour aller évaluer un dossier d’encan de ménage. Arrivé sur place, WOW, la maison regorge d’antiquités et d’objets vraiment hétéroclites. Je fais le tour de la propriété et de ses dépendances et je réalise assez rapidement que je n’ai aucunement les connaissances pour évaluer une grande partie des biens dans la maison. Bien honnêtement, je mentionne à mon client que j’aimerais revenir pour une deuxième visite en compagnie d’un de mes bons clients qui s’y connait vraiment en antiquités. Le client accepte et je reviens avec mon ¨mentor¨ qui m’aligne sur les prix à demander si j’obtiens le contrat pour des items spécifiques. J’informe le client vendeur de mes termes et conditions et il me dit qu’il va me rappeler d’ici la fin de la semaine, car il doit considérer mon offre avec celle d’un de mes compétiteurs.
La semaine passe et je n’ai aucune nouvelle. Je suis déçu, mais résigné en me disant que je n’étais pas prêt pour un contrat d’une telle envergure. Le samedi soir tard, en revenant à la maison, après mon encan de consignation, il y a un message sur le répondeur du client qui m’informe qu’il désire poursuivre avec mes services. Je dors difficilement tellement je suis excité et le lendemain matin, je communique avec lui pour la suite des choses. Nous effectuons la préparation et la publicité. À cette époque, les réseaux sociaux n’existent pas, alors c’est mon listing dans les journaux qui fera toute la différence : Belle cruche de marchand E.L. Farrar, Iberville avec hirondelle peinte; lampe en jade; verres carnavals; bureau secrétaire d’inspiration Georges III en acajou massif avec des incrustations de ronces de noyer et appliques en bronze…. Et ça continues comme ça.
Je vais vous faire une confidence sur les items que je viens de vous citer précédemment : À cette époque, je n’avais aucune idée de quoi je parlais! Mais, mon mentor m’avait bien aiguillé! Le jour de la vente venue, je débute les enchères à 400$ sur items X. Les requins dans la foule rient de moi, mais mon item se vend 390 ou 425$. Sur tout ce que mon mentor m’avait aligné, j’arrivais pile poil sur le prix de vente. Honnêtement, à la fin de la journée, j’avais gagné une énorme crédibilité auprès de plusieurs acheteurs qui n’en croyait pas leurs yeux qu’un novice de 23-24 ans, ait autant de connaissances.
Quand est venu le moment de régler les comptes avec notre client, il n’était aucunement stressé ni pressé. En fait il avait passé toute sa journée à marcher aux abords de la rivière Richelieu avec une grande branche dans les mains et m’a laissé travailler. Il a débouché une bière et me l’a tendue en disant : Tu l’as bien mérité jeune homme. Certes j’ai essayé de lui dire que ça ne faisait pas professionnel de boire sur la job mais il a insisté en me disant que la job était finie. Nous avons bu notre bière, mon père, lui et moi. Puis il en a débouché une deuxième et insisté pour que je la boive, comme s’il savait que j’avais une question que je voulais lui poser, mais qu’à jeun, je n’y serais pas arrivé. On à réglé les comptes et je me suis risqué du bout des lèvres à lui poser timidement ma question: Est-ce indiscret de vous demander contre qui j’étais en compétition? Il m’a répondu que j’étais passé derrière un célèbre encanteur de l’Estrie, spécialisé dans les antiquités. Je savais exactement de qui il s’agissait et je ne comprenais pas sa décision alors je me suis risqué avec une deuxième question : Pourquoi m’avoir choisi avec beaucoup moins de connaissances que mon compétiteur et là, j’ai eu droit à une des plus belles leçons d’humilité qu’il m’ait été donné de recevoir dans toute ma vie : Sa réponse allait comme suit : Je savais que tu n’avais pas les connaissances suffisantes en arrivant ici, mais tu n’avais pas les moyens de me fourrer! Tu n’es pas arrivé ici en ti-Jos connaissant qui prétendait tout connaître. Bien au contraire, tu m’as démontré que tu étais assez humble pour aller chercher quelqu’un de compétent pour palier à ton manque de connaissances. Ton client n’avait pas la gueule et les compétences pour crier un encan de 9h00 le matin à 17h00, non-stop, sans arrêter, ne serait-ce que pour aller pisser, mais ce qu’il te manquait, tu es allé le chercher. C’est pour ça que tu as eu le contrat. En fait il m’a avoué que sa décision était prise dès que je suis arrivé et lui ai dit que je voulais me faire accompagner d’un autre expert, mais il ne voulait pas que je croie que tout est facile dans la vie, c’est pour cela qu’il m’a laisser languir.
Depuis ce jour, il y a maintenant 32-33 ans, j’ai toujours dit qu’un bon encanteur, ça n’existait pas! Celui qui se croit le meilleur de tous, ne parviendra jamais à vendre un tas de bouette à une foule de 100 personnes. À l’inverse, ce dernier sera incapable de vendre une pépite d’or d’une livre s’il n’a personne devant lui pour l’acheter. Un encanteur, pas un bon encanteur, mais un encanteur professionnel est celui qui saura prendre tout un actif, avec ses bonnes choses et ses moins bonnes choses et qui parviendra à rendre chaque item assez intéressant pour amener au moins deux personnes à vouloir chacun des objets dans une maison, et se battre entre elles pour en faire l’acquisition. C’est pour cette raison que j’ai très peu de respect pour ne pas dire, aucun respect, pour les encanteurs qui choisissent leurs dossiers. Qui ne font que des dossiers suffisamment éloquents pour être diffusés à la télé. Qui achète le meilleur et laisse les clients en plans avec tout le reste de la marchandise qui n’a que très peu d’intérêt pour la population. Un encanteur professionnel qui commande le respect, c’est celui qui, comme un urgentologue à l’urgence d’un hôpital, accepte de recevoir tous les dossiers et qui tente d’en sauver le plus possible, tout en sachant qu’il y aura des décès pour l’un et des déçus pour l’autre, mais qui jours après jours, répondra présent pour offrir le meilleur service qui soit.
Monsieur Guibert, un de mes mentors et M. Hall, le client qui m’a donné l’une de mes plus importantes leçons de vie, reposez en paix.